mardi 28 mai 2013

Anna Livia Plurabelle de James Joyce - en “anglais de base” (traduit par Philippe Blanchon)


Anna
Livia
Plurabelle

James Joyce
C. K. Ogden

Extraits
Trad. Philippe Blanchon (Droits réservés)


Les quatre dernières pages d'Anna Livia Plurabelle, de James Joyce, sont ici en “anglais de base”, langue internationale de 850 mots dans laquelle tout peut être dit. Le but est de donner simplement le sens du disque enregistré par M. Joyce1, qui a lui-même participé à la tentative ; et le lecteur verra qu'il était généralement possible de conserver quasiment les mêmes rythmes.
Par endroits le sens de l'histoire a quelque peu été changé, mais ceci car l'auteur avait en vue qu'il était plus important d'obtenir des effets rythmique que de donner systématiquement le mot “basique” le plus proche. Où les noms de rivières ont été utilisés simplement pour leur son, ils ont été gardés ici sans aucun changement et soulignés. Il en est de même des mots latins et d'autres langues.
Pour les hommes de lettres, il est courant de mettre des idées complexes dans un “anglais basique” en notes de bas de page, partout où il y aurait un doute quant au sens du récit le plus simple. Mais M. Joyce a pensé qu'une comparaison des deux langues aurait un plus grand intérêt si l'“anglais de base” était imprimé sans les compléments nécessaires afin que le sens soit plus complet. De cette façon les langages humains les plus simples et les plus complexes se retrouvent côte à côté.
C. K. Ogden


Anna Livia Plurabelle


Bien êtes-vous conscient, ou avez-vous connaissance, et ne l’ai-je point dit, que chaque histoire a une fin et que c'en est le il et le elle. Regardez, regardez, l'obscurité vient. Mes hautes branches prennent racine. Et ma place vire au gris. ‘Viel Uhr ? Filou! Quelle heure est-il ? Il est tard.
Où en étions-nous du jour quand moi ou tous avons vu enfin l'horloge de Waterhouse ! Ils l'ont mise en pièces, ont-ils dit. Quand la remonteront-ils à nouveau ? O, mon dos, mon dos, mon dos ! J'irais alors à Aix-les-Pains. Ping-pong ! C'est la cloche pour Sacheläute – Et Concepta de Spiritu – Douleur ! Enlevez l’eau de vos habits ! Le vieux et vers le neuf ! Godavari s’abstient des pluies ! Et donnez-nous assistance ! Faites. Les déposerons-nous ici et maintenant ? Oui. Flip ! Déposez-les à vos côtés, ici et là, j’en ferai de même. Flap ! C’est ce que je fais. Place ! Le froid vient. Le vent se lève. Je mettrai quelques pierres sur le linge d'hôtel.[...]
[...] En terre des morts ou dans le pouvoir de venir ou dans leur grand nom pour toujours et à jamais ? Tous ont des vies ! Tout est bien ! [...] Le dites-vous maintenant ? Vraiment je le dis. Puisse la Terre donner la paix à leurs cœurs et esprits. Ussa, Ulla, nous sommes tous de nous les ombres. Pourquoi, ne l'ont-ils pas dit plusieurs fois, sans arrêt, encore et encore ?
[...]
[...] Le même et le nouveau. L’ordre de Vico mais naturel, libre. Anna était, Livia est, Plurabelle à venir. Notre Chose-arrière Norvégienne était dans la Suffolk Street, mais quel nombre de lieux feront des choses des personnes ? Mets cela en latin, homme de la Trinité, de votre Sanscrit en notre Aryen. Hircus Civis Eblanensis ! Il était gentil comme une chèvre, trop jeune orphelin de mère. Ô, Lois ! Doux lait deux sacs. Ô, Lois ! Ô, Lois ! Hé ! Quoi, tous ? Quoi ? Ses filles riant de. Quoi ?
Aucun son sauf celui des eaux de. Des eaux dansantes de. Choses ailées en plein vol, rats des champs plus bruyants que la parole. Oh ! N’êtes-vous pas partis, Oh ! Quel Tom Malone ? Aucun son sauf le bruit de ces choses, la Liffey et toutes ses eaux de. Oh, que la parole sauve nous garde ! Rien ne bouge c’est mon pied. Je semble aussi vieux que cet arbre là-bas. Une histoire de Shaun ou de Shem mais où ? Toutes les filles de Livia et ses fils. Les sombres oiseaux entendent. Nuit ! Nuit ! Ma vieille tête courbée. Mon poids est comme cette pierre que vous voyez. Que peut être de John Shaun l’histoire ? Ou qui étaient Shem et Shaun les fils vivants et les filles de ? Nuit maintenant ! Dis-le, dis-le, arbre ! Nuit nuit ! Histoire dite de tige ou de pierre. À côté des eaux de la rivière de, de-ci de-là les eaux de. Nuit !

Paru dans transition n°31, 1932


La traduction intégrale d'Anna Livia Purabelle, de James Joyce, paraîtra dans une nouvelle traduction intégrale, aux Editions La Nerthe en janvier 1916.

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