Anna
Livia
Plurabelle
James Joyce
C. K. Ogden
Extraits
Trad.
Philippe Blanchon (Droits réservés)
Les quatre dernières
pages d'Anna Livia
Plurabelle, de James Joyce, sont ici en “anglais de base”, langue
internationale de 850 mots dans laquelle tout peut être dit. Le but est de donner
simplement le sens du disque enregistré par M. Joyce1, qui a
lui-même participé à la tentative ; et le lecteur verra qu'il était
généralement possible de conserver quasiment les mêmes rythmes.
Par endroits le sens
de l'histoire a quelque peu été changé, mais ceci car l'auteur avait en vue
qu'il était plus important d'obtenir des effets rythmique que de donner
systématiquement le mot “basique” le plus proche. Où les noms de rivières ont
été utilisés simplement pour leur son, ils ont été gardés ici sans aucun
changement et soulignés. Il en est de même des mots latins et d'autres langues.
Pour les hommes de
lettres, il est courant de mettre des idées complexes dans un “anglais basique”
en notes de bas de page, partout où il y aurait un doute quant au sens du récit
le plus simple. Mais M. Joyce a pensé qu'une comparaison des deux langues
aurait un plus grand intérêt si l'“anglais de base” était imprimé sans les
compléments nécessaires afin que le sens soit plus complet. De cette façon les
langages humains les plus simples et les plus complexes se retrouvent côte à
côté.
C.
K. Ogden
Anna Livia
Plurabelle
Bien êtes-vous
conscient, ou avez-vous connaissance, et ne l’ai-je point dit, que chaque histoire
a une fin et que c'en est le il et le elle. Regardez, regardez, l'obscurité
vient. Mes hautes branches prennent racine. Et ma place vire au gris. ‘Viel Uhr ? Filou!
Quelle heure est-il ? Il est tard.
Où en étions-nous du
jour quand moi ou tous avons vu enfin l'horloge de Waterhouse ! Ils l'ont
mise en pièces, ont-ils dit. Quand la remonteront-ils à nouveau ? O, mon dos,
mon dos, mon dos ! J'irais alors à Aix-les-Pains. Ping-pong ! C'est
la cloche pour Sacheläute – Et Concepta de Spiritu – Douleur ! Enlevez
l’eau de vos habits ! Le vieux et vers le neuf ! Godavari s’abstient
des pluies ! Et donnez-nous assistance ! Faites. Les déposerons-nous
ici et maintenant ? Oui. Flip ! Déposez-les à vos côtés, ici et là, j’en
ferai de même. Flap ! C’est ce que je fais. Place ! Le froid vient.
Le vent se lève. Je mettrai quelques pierres sur le linge d'hôtel.[...]
[...] En terre des
morts ou dans le pouvoir de venir ou dans leur grand nom pour toujours et à
jamais ? Tous ont des vies ! Tout est bien ! [...] Le dites-vous
maintenant ? Vraiment je le dis. Puisse la Terre donner la paix à leurs cœurs
et esprits. Ussa,
Ulla, nous sommes tous de nous les ombres. Pourquoi, ne l'ont-ils pas dit
plusieurs fois, sans arrêt, encore et encore ?
[...]
[...] Le même et le
nouveau. L’ordre de Vico mais naturel, libre. Anna était, Livia est, Plurabelle
à venir. Notre Chose-arrière Norvégienne était dans la Suffolk Street, mais
quel nombre de lieux feront des choses des personnes ? Mets cela en latin,
homme de la Trinité, de votre Sanscrit en notre Aryen. Hircus Civis
Eblanensis ! Il était gentil comme une chèvre, trop jeune orphelin de
mère. Ô, Lois ! Doux lait deux sacs. Ô, Lois ! Ô, Lois ! Hé !
Quoi, tous ? Quoi ? Ses filles riant de. Quoi ?
Aucun son sauf celui
des eaux de. Des eaux dansantes de. Choses ailées en plein vol, rats des champs
plus bruyants que la parole. Oh ! N’êtes-vous pas partis, Oh ! Quel
Tom Malone ? Aucun son sauf le bruit de ces choses, la Liffey et toutes ses
eaux de. Oh, que la parole sauve nous garde ! Rien ne bouge c’est mon
pied. Je semble aussi vieux que cet arbre là-bas. Une histoire de Shaun ou de
Shem mais où ? Toutes les filles de Livia et ses fils. Les sombres oiseaux
entendent. Nuit ! Nuit ! Ma vieille tête courbée. Mon poids est comme
cette pierre que vous voyez. Que peut être de John Shaun l’histoire ? Ou qui
étaient Shem et Shaun les fils vivants et les filles de ? Nuit maintenant !
Dis-le, dis-le, arbre ! Nuit nuit ! Histoire dite de tige ou de
pierre. À côté des eaux de la rivière de, de-ci de-là les eaux de. Nuit !
Paru dans
transition n°31, 1932
La traduction intégrale d'Anna Livia Purabelle, de James Joyce, paraîtra dans une nouvelle traduction intégrale, aux Editions La Nerthe en janvier 1916.
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